Une prière pour des retrouvailles

(Ouvert pour Missy... et tous les autres petits curieux ! )


Un bien étrange équipage faisait route vers la forêt. Montée à cru sur son mustang Cheveyo, Luyana fermait les yeux, attentive aux mouvements du vent, écoutant les murmures des arbres. Au dessus d’elle, un grand oiseau d’émeraude faisaient des cercles, perturbé par on ne savait quelle présence, que seuls les animaux peuvent sentir. La monture de l’indienne ne semblait pas émettre de réserves à entrer dans les bois, mais de ses naseaux sortaient une buée significative. Il était nerveux, comme tous ceux de sa race, car un feu intense brûlait dans leurs veines.
Nul doute que cette belle jeune femme habillée selon la tradition de son peuple, quelques plumes noires et blanches disposées dans sa lourde chevelure, ainsi que ses compagnons exotiques, ne passeraient pas inaperçus sur le chemin. Mais cela ne semblait pas troubler l’esprit de Luyana, qui restait paisible, ne s’imaginant pas attirer les curieux. Ses mains étaient posées sur la crinière de son cheval, mais elle n’agrippait en aucun cas le crin pour diriger ses pas.

Comme elle se laissait totalement guider par Cheveyo, celui-ci atteignit effectivement la forêt mystérieuse. Anoki, le quetzal, vint se poser sur la croupe de son ami à poils, derrière sa maîtresse, toujours aussi concentrée dans une prière silencieuse. Le pas tranquille du mustang sur la terre légèrement humide traçait au sol une jolie piste pour qui voudrait la suivre. Mais, là encore, Luyana se semblait pas s’en inquiéter, ses paupières fermées prouvant bien qu’elle était toute à sa méditation.
Puis, sa monture tourna subitement sur la gauche dans un mouvement d’hésitation, sans pour autant déstabiliser sa cavalière, qui entonna, d’un ton haut et clair :



Et comme cette litanie s’élevait dans l’air, le cheval sembla plus sûr de lui, avançant fermement au plus profond de la forêt. Derrière la jeune femme, le grand oiseau vert piaillait et secouait ses plumes, comme si tous pouvaient sentir qu’ils se rapprochaient du but. Luyana continua sa prière :



Dans un mouvement coordonné silencieusement par l’instinct des trois compagnons, Cheveyo s’arrêta net, Anoki, d’un bond gracieux, se posa silencieusement sur l’épaule de Luyana, qui, au même moment, ouvrit les yeux sèchement pour les poser sur une branche bien précise.



termina-t-elle en sautant à bas de l’étalon, et sans quitter des yeux l’arbre sur lequel une ombre prenait peu à peu la forme d’un aigle. Quand enfin les contours de l’oiseau, ses couleurs, son essence, furent aussi net que s’il était fait de chair et d’os, Luyana sourit, et ajouta, d’une voix extrêmement douce, aimante :

« Te voilà Grand Père ! »

Missy était allongée à l’ombre d’un arbre, laissant les rayons du soleil qui parvenaient à traverser les feuillages caresser et réchauffer son corps. Elle avait prit l’habitude de se reposer ainsi, se laissant bercer par le murmure du vent et des feuilles lors que le ciel était clair et que peu de gens se promenaient dans la forêt. A par le bruit courant des oiseaux, le silence régnait entre les arbres et la créature ferma les yeux pour profiter de cette agréable journée.

Et puis, ses oreilles frémirent et ses yeux s’ouvrirent étonnés. Quelque part au loin, elle entendait des bruits de sabots ! Elle se redressa sur ses longues jambes et tendis l’oreille pour en être certaine. Mais pas de doute possible. Ce bruit léger de sabots frappant le sol et soulevant la poussière, elle le connaissait très bien. Serais-ce un centaure ? Cela ne se pouvait pas, elle était là seule ici. Pour en avoir le cœur net, Missy se dirigea vers l’origine du bruit tout en restant cachée derrière les arbres et les buissons. Elle voulait d’abord pouvoir observer le responsable…

Se fit alors entendre une voix. Une étrange voix féminine qui sembla faire une prière. Des bruits de sabot, une voix…et s’il s’agissait d’une centauresse ? Missy ne serait-elle plus seule dans la forêt ? Elle avança toujours prudemment, s’attendant à se réveiller à tout instant, tant l’existence d’un autre centaure en ces lieux ressemblait à un rêve. Les pas de sabot ralentirent et Missy s’arrêta également un instant. Elle hésita puis écarta d’une main tremblante les branches de sa cachette pour regarder l’inconnue.

La centauresse ferma un cours instant les yeux, déçue. Devant elle, ne se tenait pas un centaure mais bien une femme étrangement vêtue qui lui tournait le dos. Les bruits de sabot entendu venait du cheval qui avait du lui servir de monture. D’une certaine façon, l’animal était un lointain cousin mais elle aurait malgré tout, aimée que la femme et le quadrupède ne fasse qu’un. Sa déception la pousa à faire demi tour et à ne pas déranger l’étrange femme mais son regard curieux ne put quitter la scène qui se déroulait devant elle.

Un étrange oiseau était posé sur l’épaule de la femme aux cheveux parsemés de plumes. Un oiseau magnifique que Missy n’avait encore jamais vu de sa vie. La scène avait quelques choses de fascinant et était indescriptible. Une ombre semblait apparaitre mais Missy ne voyait pas très bien, l’inconnue se trouvant en face de son champ de vision. *On dirait un oiseau qui apparait…si seulement elle pouvait se mettre un peu sur le côté. Je verrais mieux*

Curieuse et incapable de quitter des yeux l’étrange phénomène, la centauresse essaya de se déplacer un peu pour mieux observer les choses. L'un de ses lourds sabots se posa sur une branche desséchée et creuse qui se brisa sous le poids de Missy, dans un craquement sonore. Ce dernier sembla raisonner dans ce décor presque silencieux.*Pour la discrétion, on repassera ! Elle m’a probablement entendue. C’est malin ! Je fais quoi, je fais quoi, je fais quoi….On s’en va, je n’étais pas là, je ne suis plus là !*

Paniquée, Missy fit quelques pas en arrière. Elle avait l’impression d’avoir troublé la jeune femme dans sa prière et se dit que finalement, elle n’aurait pas due se trouver là ! Elle avait troublée un moment intime de la femme avec la forêt et cette mystérieuse apparition. Seulement, la forêt ne semblait pas vouloir laisser partir la jeune centaure indiscrète. Alors que Missy voulait partir se cacher plus loin dans la forêt, sa jambe arrière droite ne suivit pas le mouvement. * Oh non ! Aller, bouge…oh non, non, non, je suis coincéééééééeeeeeeeeeeeeeeeeee* Missy remua, tira, força sur sa jambe mais rien n’y fit et ne parvint juste qu’a s’écorcer et s’érafler la peau. Son sabot restait bloqué entre deux racines noueuses qui refusaient de lâcher leur prise. Et la centauresse n’était pas une assez bonne contorsionniste pour écarter les racines ; d’ailleurs sa carrure de centaure ne lui permettait pas une telle souplesse. *traitresses de racines ! lâchez moi* Il ne restait plus qu’à espérer pour Missy que la jeune femme ne serait pas trop en colère face à sa curiosité et qu’elle soit assez aimable pour la dégager de ce piège de bois…

(Pas de curieux ? Bon... j'y vais alors !)

Depuis son arrivée à Elementia, Luyana n’avait pas eu le loisir de se promener tranquillement dans la forêt. Ni, et cela l’affectait bien plus, de discourir avec une bien vieille connaissance, qui la suivait partout, telle une ombre. Car depuis ces vagues noires qui prirent la forme de l’aigle, c’était bien l’esprit de son grand-père qui se matérialisait. L’indienne, ainsi que ses compagnons animaux, semblaient tout à coup apaisés, en parfaite harmonie avec cette apparition ainsi qu’avec les bois, qui, eu aussi, dégageaient une aura magique réconfortante.
Cependant, Cheveyo s’ébroua, tournant la tête à droite puis à gauche, bien moins calme que d’ordinaire. Cela attira l’attention de l’indienne, qui, bien que sur ses gardes, ne put se détourner de l’oiseau royale qui la fixait de son regard d’or. D’ailleurs, elle sourit, notant que cet aspect était définitivement celui qui collait le mieux au caractère de l’ancien chaman. L’aigle. C’était son animal totem, à cet homme sage…

« Te sent-tu à ton aise ici, Grand-père ? » demanda-t-elle, alors que, au même moment, un étrange vacarme s’éleva.

Aussitôt, la forme s’évapora dans des volutes de fumée noire, tandis que Luyana se retournait, accompagnée des agitations, cette fois bien appuyées, de l’étalon et du quetzal. La jeune femme prit quelques secondes pour regarder autour d’elle, s’attendant à une attaque de créature. Les alentours semblaient redevenir calme, et pourtant, en tendant l’oreille, elle perçut quelques bruissements, signes d’un émoi quelconque derrière un buisson.
L’amérindienne n’était pas quelqu’un de nature craintive. De plus, elle était sous bonne protection, une ombre se matérialisant une nouvelle fois, à ses côtés cette foi-ci, et sous la forme d’un lynx. Malgré la situation étrange, Luyana, une fois encore, ne put retenir un sourire. Cette fois c’était son visage à elle. Son propre animal totem, qui la guidait en rêve ou apparaissait si elle se perdait.

« Tu n’en fait pas un peu trop ? » demanda-t-elle, sans attendre de réponse et tout en avançant vers le lieu des bruits.

L’animal sauvage sur ses talons, elle finit par écarter quelques arbustes pour se glisser dans un mouvement félin vers une forme allongée à terre. Le lynx grogna un instant, puis se figea, attendant que l’humaine fasse un quelconque mouvement.
Luyana ne parut pas particulièrement surprise lorsqu’elle découvrit le centaure. Son instinct ne l’avait pas trompé lorsqu’il lui avait susurré que les bruits ne signifiaient pas un danger pour elle. Pendant quelques secondes, elle ne dit rien, ses yeux violets lançant des interrogations alors qu’ils se posaient sur une des jambes équines de la créature, apparemment prise au piège.
Ses habitudes de guérisseuse reprirent le dessus, et elle fixa le visage de la demoiselle centaure avec douceur, ne voulant pas paraître malpolie suite à son diagnostic silencieux.

« Vous voilà mal en point, madame. Me permettez-vous ? » demanda-t-elle en s’accroupissant près de sa patte arrière, et en faisant mine de vouloir approcher la zone emprisonnée.

Missy tentait toujours de se dépêtrer du piège idiot dans lequel elle s’était bloqué une jambe, lorsque la jeune femme observée fit son apparition. La centauresse se paralysa, comme une adolescente prise en flagrant délit par un parent, tandis qu’un étrange animal grogna. L’étrange humaine l’observa silencieuse et Missy la laissa faire, hésitant sur le comportement à prendre. Mille questions se bousculèrent dans sa tête mais la curieuse centaure ne savait laquelle poser en premier. Qu’allait-elle lui faire ? Lui jeter un sort pour l’avoir dérangée ? Elle n’avait pourtant pas l’air en colère, elle semblait même plutôt calme. Missy s’interrogea également sur la nature des animaux qui accompagnaient l’humaine aux allures sauvages. La jeune centauresse croisa le regard de la jeune femme qui déclara qu’elle était mal en point et lui demanda la permission avant de s’accroupir près de son sabot emprisonné. Missy devint rouge pivoine de confusion, ne sachant que dire face à un tel comportement.

« Ah, heu, ben…faites donc...» Répondit-elle à la jeune femme sans savoir si elle devait la remercier de suite ou s’en méfier. Elle tourna la tête pour observer la jeune femme, puis, ne résista pas à la curiosité.

« Il y a d’étrange animaux autour de vous » La phrase n’était pas une question, mais le ton y était. Missy avait réfléchit longuement avant de la prononcer mais trouva que, finalement, c’était celle qui allait le mieux. L’aigle observé quelques instants auparavant était étrange, c’était un fait. Missy l’avait bien sentit. L’autre oiseau l’était également, mais d’une autre manière. La centauresse ne connaissait pas cette espèce. Et puis, il y avait quelque chose autour de cette jeune femme d’étrange que Missy n’arrivait pas à identifier. Un parfum sauvage. Fougueux et mystérieux. Chose qu’elle n’avait encore jamais ressenti auprès d’un humain.

« Qui êtes vous ? » Demanda-t-elle finalement sur un ton léger mais où l’on sentait un pointe de méfiance malgré tout.

D’un regard, Luyana avait très vite remarqué que le problème de la centauresse ne nécessitait pas l’usage de la magie. D’ailleurs, la jeune femme aimait se débrouiller sans, prouvant ainsi qu’elle n’était pas dépendante des sortilèges.
Aussi, quand la prisonnière lui donna l’autorisation d’agir, Luyana posa simplement ses mains sur les racines qui entravaient la jambe équine. D’un fort mouvement des poignets, ses doigts poussèrent les souches vers l’extérieur.

« Je pense que vous pouvez retirer votre jambe désormais… » dit-elle tout en continuant d’agripper fermement les racines, qui libéraient effectivement la centauresse.

Elle se permit un sourire amusé lorsque l’hybride mentionna les animaux qui l’accompagnaient, mais, son travail n’étant pas terminé, elle préféra rester concentrer sur sa tâche. Notamment, elle avait remarqué quelques égratignures près du sabot, et elle se demanda si elle pourrait soigner cela avec les plantes de la forêt. Elle ne la connaissait pas assez pour savoir les trésors qui y recelaient.

« Aimeriez vous que je soigne cette plaie ? Elle n’est pas trop grave, mais pourrait peut-être vous gêner… »

Luyana se releva, sa tâche accomplie, accompagnée d’une question de la part de la jeune fille centaure. Toujours à l’écoute, fine observatrice, l’amérindienne devina bien que cette habitante de la forêt était troublée, légèrement sur la défensive. Elle le comprenait : son attitude étrange, le lynx qui était prêt à bondir, à ses côtés, étaient tant de phénomènes qui la rendait mystérieuse, inquiétante, peut-être…
L’indienne posa son regard violet sur la centauresse, observant si elle se remettait bien de sa chute et de son entrave. Elle sourit alors, doucement, presque tendrement face à cette si somptueuse créature, qui prenait toute sa magnificence une fois sur ses quatre pattes, puis elle se présenta :

« Je me nomme Luyana, et je suis une nouvelle professeur d’Elementia. » Elle remit une de ses boucles brune derrière son oreille, et, se rappelant ces "étranges animaux", elle se tourna sur le côté pour désigner d’une main l’endroit où se trouvait ses compagnons.

« Quant au cheval, il s’appelle Cheveyo, c’est un brave et fidèle ami. Le quetzal se nomme Anoki, et… » Elle fixa un instant le lynx avec amour « … cet animal ci n’en est pas un en vérité… C’est un esprit qui me protège… Mon grand-père, pour tout vous dire… »

Ses présentations achevées, la jeune femme fit un pas en arrière, signifiant qu’elle souhaitait rejoindre le lieu où se trouvaient ses compagnons. D’ailleurs, elle précisa, pour rassurer son interlocutrice : « Vous ne craignez rien, madame. Si vous le souhaitez vous pouvez même vous joindre à nous. Je serais ravie de faire connaissance avec une centauresse ! »

A peine la centauresse avait-elle acceptée l’aide la jeune femme, que celle-ci écarta les racines. Lorsqu’elle déclara que la centauresse pouvait désormais retirer sa jambe du piège, la noble créature ne se le fit pas répéter. Libérée, elle pouvait prendre une position plus avantageuse même si elle conservait ses joues rosies par la confusion de s’être fait ainsi repérer. Missy resta toujours quelque peu méfiante, peu rassurer par les animaux l’entourant et l’inconnue si mystérieuse. Sa manière de lui parler avec respect et gentillesse, l’étonnait beaucoup. Elle y était peu habituée. Aussi, il lui fallu un peu de temps avant de répondre à la question de la jeune femme. Surprise par tant attention.

« Ah, heu…. » Bafouilla-t-elle en jetant un œil sur sa blessure légère « Si cela vous fait plaisir… » Fut la seule réponse qu’elle trouva à dire. A peine sortie de sa bouche, elle trouva sa phrase stupide mais ne pouvait rien faire pour la rectifier, sans parait plus idiote qu’elle ne l’était déjà. *Pourquoi, je n’ai pas dis oui tout bêtement ! C’est pourtant facile à dire…j’aurais du dire non, tiens…j’aurais eu l’air moins stupide*

Quand la jeune femme se présenta, Missy ne l’imaginait pas du tout professeur à Elementia. Pas qu’elle doutait de ses compétences à enseigner, mais la centauresse trouvait qu’elle n’avait pas l’allure habituelle des professeurs. Elle présenta ensuite les animaux qui l’accompagnaient. Elle haussa les sourcils en entendant le mot quetzal ; c’était une espèce inconnue pour elle. Mais elle fut ravie d’apprendre son existence et de voir son apparence. Par contre, Missy ne s’étonna pas d’apprendre que le lynx était un esprit, elle s’était doutée qu’il était étrange et pas comme les deux autres. Cependant, elle fixa de ses plus grands yeux la jeune Luyana, comme si elle tentait de lire à travers elle. Un esprit la protégeait et, il s’agirait de son grand-père d’après elle. La semie-équidée n’en croyait pas ses oreilles. La jeune femme conversait avec un esprit ! En tant que créature de la forêt, elle avait toujours désirée écouter et parler avec un esprit de la nature, mais sa jeunesse et sa naïveté handicapaient parfois cette capacité, pourtant donné à certains centaures.

Luyanna l’invita à la suivre à l’endroit où elle se trouvait quelques instant auparavant. Curieuse, Missy ne se fit pas prier et suivit la jeune femme.« Votre grand-père vous protège ? Sous la forme d’un esprit ? Waaaah, c’est….c’est…c’est formidable. Il…vous parle et…vous…arrivez à lui parler ? C’était lui aussi sous la forme d’aigle, n’est-ce-pas ? Mais…euh…pourquoi il m’a grogné dessus tout à l’heure ? » Demanda-t-elle alors, laissant percer un léger inquiétement dans son enthousiasme, espérant que l’esprit n’avait pas faim.

Se permettant un sourire quand la centauresse bafouilla un oui dissimulé quant au potentiel soin de sa blessure, Luyana regarda autour d’elle : buissons, herbes hautes et arbres de toutes sortes. Elle fronça un sourcil. Il faut dire qu’elle ne cherchait pas la facilité. Un sort de soin était vite fait, et beaucoup moins prise de tête, mais voilà…

« Je ne souhaite pas utiliser la magie sur vous. Je peux vous soigner avec des plantes, mais il faudrait pour cela que je trouve un sapin… »

Laissant volontairement sa phrase en suspens pour signifier qu’elle espérait pour cela l’aide de la créature équidé, la jeune femme fixa son interlocutrice pendant quelques secondes, puis demanda :

« Quel est votre prénom ? »

Puis, tout en écoutant les questionnements de la centauresse, Luyana retourna près de ses amis, accompagnée par un bruit de sabot qui ponctuait ses propres pas. Une fois près du mustang de couleur pie, elle posa sa main sur sa croupe, le flattant alors que Cheveyo tournait la tête vers la nouvelle venue. Incroyablement calme, il huma l’air par ses naseaux vibrants, puis, reconnaissant une odeur qui lui plaisait, tendit la tête vers la centauresse.
De son côté, et presque au même moment, Anoki s’était posé tout en douceur sur l’épaule de Luyana et dardait lui aussi son œil perçant sur l’inconnue. Mais cela dura à peine une seconde car, alors que son ami à poils guettait une caresse, il préféra retourner à la toilette de son plumage d’émeraude, indifférent.

« Vous leur plaisez ! » affirma la jeune femme alors que, pour être en face de la centauresse, elle appuyait négligemment son dos sur le flanc du cheval.

Et, comme le lynx s’était assis à ses côtés, elle se prêta alors au jeu des questions réponses, ayant très bien en mémoire celles qu’on lui avait posé quelques minutes auparavant.

« Mon Grand-père est décédé il y a quelques mois. Il peut prendre différentes formes, comme vous l’avez deviné. C’était bien lui, en aigle… et maintenant en lynx. Pardonnez-le s’il vous a effrayé, c’était plutôt un moyen de dire "je suis là, je la protège"… »

Elle regarda le félin à ses pieds en souriant tendrement, puis reprit :

« Je lui parle, et il comprend, ayant gardé son esprit d’humain. Mais il a un corps d’animal, et il ne peut me répondre. Néanmoins, il n’a pas besoin de parler. Je prends garde à ses attitudes et à son regard. De plus, ses sensations, ses sentiments sont tellement exacerbés, que j’arrive à les capter. C’est ainsi avec beaucoup d’esprit en fait, il suffit de savoir entendre, ressentir ce qu’ils nous font parvenir… »

[Sorry pour le retard, manque de temps pour écrire ]


« Du sapin ? » Répéta-t-elle lorsque la jeune femme lui proposa de soigner sa blessure par les plantes. Missy trouvait que ses éraflures ne demandaient pas tant de soin et tant d’attention ; elles étaient légères et il y avait peu de risque qu’elles s’infectent. Mais la jeune femme était tellement gentil et sa voix si agréable à entendre, que la centauresse ne résista pas à l’idée de se faire ainsi soigner. « Il y en a pas très loin d’ici » Répondit-elle, connaissant à peu près la forêt d’Elementia et la disposition de ses arbres. Mais en cas de réel besoin, il lui restait toujours son odorat pour identifier l’odeur particulière des épines et de la sève des sapins.

Luyana interrogea la centauresse sur son identité et celle-ci s’aperçu alors qu’enthousiasmée par cette rencontre étrange et ses animaux, elle en avait oublié l’essentiel. Se présenter elle-même ! « Oh, excusez moi….que je peux être maladroite! » Précisa-t-elle, bien que la manière dont sa jambe ait été bloquée, démontre déjà toute sa maladresse et sa curiosité. « Mon prénom est Missy »

La centauresse regarda Cheveyo, le cheval de la jeune femme. C’était la première fois qu’elle rencontrait quelqu’un capable de rivaliser avec sa carrure. Missy avait déjà entendu parler des chevaux, puisqu’elle était elle-même en partie une équidée mais, c’était la première fois qu’elle en voyait un, et d’aussi près. Les centaures possédaient plusieurs légendes sur leur naissance, dont parmi elles, l’histoire de Centauros qui les engendra en s’unissant aux juments de Magnésie…Ce qui faisait, d’une certaine manière, des chevaux leurs ancêtres ou des cousins éloignés.

Cheveyo huma l’air de ses grands naseaux avant de tourner la tête en direction de Missy, reconnaissant en elle un parfum sauvage de cheval. Elle lui lança un petit sourire tout en passant sa main sur le front du cheval à la robe tachetée. « Hé ! Salut cousin. Tu m’as l’air en pleine forme » Lui murmura-t-elle en contemplant la carrure de l’animal. Cheveyo était plus fin et plus haut que la centauresse, il semblait être bâtit pour la course et Missy l’imaginait très bien galoper le long de vaste prairie, disparaissant dans l’horizon lointain, crinière au vent. Elle aurait d’ailleurs du mal à le distancer ; le corps de la centauresse était lui bâtit pour vivre en forêt et se défendre contre les animaux agressifs. Elle était certes rapide mais elle ne doutait pas que Cheveyo puisse l’être plus encore…

Missy jeta un regard curieux sur les autres animaux de la belle dame qui ne semblèrent guère plus intéressés que cela par sa présence. L’oiseau aux couleurs étranges et flamboyantes se contenta de donner une plus belle beauté encore à son plumage en se lavant, tandis que le félin quémandait une caresse. Luyana affirma que la centauresse était appréciée de ses compagnons et cela la rassura quelque peu. Elle n’aurait pas aimée apprendre que le félin ne l’appréciait guère, les dents de l’animal n’ayant rien de rassurant.

La jeune femme répondit à toute ses questions, expliquant que le félin était son grand père et qui pouvait prendre différente forme. Missy avait donc vue juste, l’aigle et le félin ne faisait qu’un. Ce dernier agissait comme un protecteur envers la jeune femme mais s’il comprenait ses paroles, il ne pouvait lui répondre. Même cela ne l’empêchait de le comprendre suivant ses réactions et les sensations émises par son grand père. Missy hocha la tête pour signifier qu’elle comprenait de quoi lui parlait la jeune femme. La centauresse usait de la même technique pour comprendre comment allait la forêt. Elle ressentait la vigueur ou la faiblesse de la nature, ce qui lui permettait parfois de savoir ce qui l’entourait et si un danger guetté au loin. C’était de cette manière qu’elle savait lorsqu’une ou plusieurs personnes traversaient la forêt. La forêt ne parlait pas, mais cela ne signifiait pas qu’elle restait muette aux oreilles attentives.

« Oui, c’est comme la forêt. Il suffit juste de savoir comment bien écouter. Pas forcément avec les oreilles mais ressentir les choses» Répondit-elle comme une élève qui assistait à un cours.

[à mon tour de m'excuser... ]

Citation :

« Du sapin ? »

Luyana sourit pour confirmer, consciente que cette démarche puisse intriguer la centauresse. Il faut dire que ses méthodes étaient loin des formules magiques des infirmières d’Elementia… La jeune femme se fit d’ailleurs la réflexion que les gens du ministère auraient sûrement des crises d’angoisse s’ils savaient que des méthodes chamanique étaient utilisées dans l’enceinte de l’école. Mais Luyana était discrète, et elle savait que si c’était pour une créature magique et non un élève elle ne risquait rien.

« Je suis chamane. Je connais donc le secret des plantes. Vous voyez, le sapin fait partie des quatre plantes les plus utilisées dans ma culture. Il soigne les affections liées à l’élément terre. » Expliqua-t-elle le plus sérieusement du monde, pensant que cela intéresserait sûrement une habitante de la forêt. Elle ajouta d’ailleurs avec un clin d’œil « Et une affection de la terre, c’est justement ce que vous portez sur votre jambe… »

Et elle arrêta là son explication, espérant avoir répondu aux interrogations que le centaure n’osait pas formuler. Et puis, Luyana aimait de toute manière parler de ses racines et de la culture amérindienne. C’était donc une bonne occasion de partager ses histoires, et d’en apprendre d’autres en retour !
Le couple rejoignit donc les animaux de l’indienne, alors qu’un prénom était lancé. Luyana se tourna un instant vers sa compagne d’un jour, et lui sourit pour conclure ses présentations. Le fait qu’elles ne se firent pas vraiment dans l’ordre était le cadet de ses soucis, elles n’étaient ici ni en cours ni au ministère de la magie !

« Je suis ravie de te connaître Missy ! » lui dit-elle avec sincérité, insistant sur le tutoiement pour remarquer si il était accepté. Luyana aimait être proche des gens, si, à nouveau, le contexte le permettait…

Et s’il y en avait un autre qui était ravi de cette rencontre fortuite, c’était Cheveyo. Luyana ne put s’empêcher de se faire la réflexion qu’un mustang aussi apaisé et détendu était bien le signe que quelque chose d’anormal se produisait. Quelque chose de positivement anormal. Et quoi de plus intriguant pour un cheval que la vu de ce corps familier, reflet du sien, mais lié à celui des bipèdes qu’il côtoyait quelque fois.
L’amérindienne ressentit une vague de tendresse face à cette image : Missy caressant doucement son cousin équidé, et Cheveyo la laissant faire comme si elle faisait réellement partie de sa famille. Elle-même caressa du bout des doigts la croupe de sa monture, sans vouloir trop s’impliquer dans ce premier contact inédit.

Citation :

« Hé ! Salut cousin. Tu m’as l’air en pleine forme »

Luyana émit un petit rire, arrêtant son frôlement délicat pour une petite tape amicale sur le flan du cheval. « Oh, ça il l’est ! En pleine forme ! » Et comme au son de la voix de son amie Cheveyo avait tourné sa tête vers elle, elle le regarda comme si il était humain et avec un sourire taquin lui demanda « Pas vrai, esprit guerrier ? ». Et le mustang balança un instant sa tête avec un hennissement, avant de retourner se faire caresser par la créature magique à ses côtés.

« Esprit guerrier, c’est ce que veut dire son prénom » expliqua Luyana en anticipant sur une possible question de la part de Missy.

Puis, elle laissa la centauresse se familiariser un peu avec ses compagnons à poils et à plumes, suivant son regard. Le professeur connaissait à merveille ses amis, c’est pourquoi dire qu’ils appréciaient Missy n’était pas une parole en l’air. Le détachement d’Anoki signifiait : elle ne me dérange pas. La quête d’attention de Cheveyo était clairement un : je l’aime bien, tandis que le calme plat du puma, concentré sur tout ce qui se passait autour des membres de sa famille voulait dire qu’il avait confiance.
Bref, que de bons points pour la créature mythologique, qui avait aussi, sans le savoir, un certain pouvoir sur Luyana : elle était magnifique, et emprunte d’un savoir, de secrets, qui la dotait d’un mystère des plus attrayant pour l’amérindienne, toujours avide de légendes. Ce qu’elle confirma en expliquant qu’elle-même parlait, ou du moins comprenait l’esprit de la forêt.

« C’est exact. D’ailleurs c’est une chose que vous autres créatures magiques n’avez jamais oublié : que l’on peut ressentir les choses, autrement qu’avec les yeux ou les oreilles… »

Le ton de Luyana n’était pas triste en disant cela. C’était un fait qu’elle acceptait, sans être résignée. Elle avait eu la chance de vivre dans un peuple qui respectait et entendait la nature, mais combien d’êtres humains avaient cette possibilité ? Mais l’enseignement pouvait faire beaucoup pour ouvrir les esprits. Elementia était pour cela un excellent éducateur !

« Et si tu me conduisait à ces sapins ? » proposa-t-elle alors, se rappelant que Missy savait parfaitement où en trouver.

[oups superoups et hyperoups! à mon tour de m'excuser pour ce looooooooong retard]

Missy oublia presque l’histoire du sapin pour soigner l’égratignure sur sa jambe en compagnie de l’amérindienne et ses animaux. Elle aimait la compagnie du cheval Cheveyo qui par ailleurs semblait apprécier la compagnie de la centauresse…ou peut être son coté chevalin qui devait dégager une légère odeur qu’il lui était familière. Missy s’étonna lorsque Luyana appela le cheval « esprit guerrier » mais avant qu’elle puisse lui demander la raison de surnom, la jeune femme lui expliqua qu’il s’agissait de la signification de son prénom.

« Wah ! Lança-t-elle fascinée. Et bien ça c’est du prénom, Cheveyo » Lança-t-elle à son lointain coussin cheval en le caressant affectueusement. Missy semblait avoir été bien intégré dans l’étrange équipe d’animal quelque peu exotique. Du cheval au quetzal en passant le puma, pour la première fois, Missy ne se détachait pas du paysage. Elle semblait même avoir sa place dans ce groupe fascinant et totalement différent l’un de l’autre.

Luyana approuva ses dires concernant les voix et les esprits de la forêt, il ne fallait pas forcément avoir l’ouïe fine pour les entendre ou une vue perçante pour les voir. Il suffisait de savoir ressentir les choses qui peuplaient la forêt. Mais, bien évidement, c’était plus aisé à dire qu’à faire. Et Missy, même en temps que créature magique et vivant une grande partie de sa vie en forêt, avait du mal à prendre conscience de toute les choses qui l’entourait. Cependant, la centauresse était encore jeune et avait le temps de s’améliorer dans ce domaine. La vie était longue pour elle…Soudain, Luyana rappela à la centauresse leur mission première et la sortie du monde des esprits.

« Ah oui, le sapin ! S’exclama-t-elle. J’avais complètement oublié avec ses esprits de la forêt.» Elle eut un petit rire d’excuse gênée et fit un pas devant l’autre pour conduire la jeune femme aux sapins pour qu’elle puisse soigner sa blessure.

« C’est…euh…par là ! » Dit-elle en s’arrêtant brusquement pour prendre la direction opposé à celle qu’elle venait d’entamer. « Quand je ne fais pas attention, je me trompe parfois de direction » Expliqua-t-elle en rougissant. Il était facile de deviner que la jeune centauresse était tête en l’air et par conséquence devait bien souvent se tromper. Mais elle finissait toujours par retrouver son chemin en se concentrant un peu plus sérieusement.

Elle écarta les branches les plus hautes pour ne pas se prendre la tête dedans et guida la jeune amérindienne vers les sapins. Leur odeur reconnaissable devint plus forte à mesure qui se rapprochait du lieu. Et bientôt, majestueux et pourtant si normaux face aux autres arbres de la forêt, les sapins offraient leurs épines d’un vert immaculé au soleil.

« Vous avez le choix » Dit-elle dans un sourire, contente d’avoir réussit à emprunter le chemin le plus cours sans se perdre. Elle se mit sur le côté pour laisser place à Luyana, afin qu’elle puisse s’approcher des sapins.