Un thé chez Edward

Elisabeth Eidos, comme une adolescente idiote était devant son miroir depuis quelques instants se demandant si elle devait faire "quelque chose de plus". Après tout, elle ne se posait jamais la question! Et quoi faire, accentuer un maquillage qui deviendrait vulgaire? Coiffer ses cheveux autrement ce qui la choquerait avant même de choquer Edward??

Non.

Elle se regarda et finit par hausser les épaules. Ses yeux verts étaient soulignés d'un noir discret, habituellement, et sans aucune coquetterie vraiment mais surtout car Elisabeth l'avait toujours fait depuis l'adolescence, suivant l'exemple de sa mère...

Elle n'allait rien rajouter. Elle irait naturellement, d'alleurs ce n'était pas autrement qu'elle voulait voir cette invitation. L'invitation naturelle d'un ancien camarade, d'un collègue.

Elle traversa son salon en sentant une légère appréhension l'envahir. Elle ouvrit la porte, un peu nerveuse et finalement alla en deux pas se placer devant la porte d'Edward.
Elle inspira profondément, se sentant ignorante dans cette situation toute nouvelle pour elle. Au château, elle ne partageait le thé qu'avec les personnes qui venaient en entretient dans son bureau, ou avec madame Poivron, en fin de journée. Jamais autrement.
Elle frappa, trois coup clairs et vifs et attendit sagement qu'on l'invite à rentrer.

Qu'il est fou de constater avec quelle vitesse le désordre peut s'installer dans un lieu clos, même vaste. Et grâce aux enchantements qu'il avait pratiqués dans sa chambre, Edward l'avait considérablement agrandie - et même plus que cela ! (voir à ce propos la description de la chambre...) Mais malgré cela et le peu de temps qu'il était revenu à Elementia, le désordre avait étendu son empire sur ce lieu comme une araignée étend sa toile. Livres en tout genre, parchemins vierges ou griffonnés à la hâte, maculés de quelque substance nauséabonde ou rédigés avec application. Plumes de toutes les tailles et de toutes les provenances, bouteilles d'encre, bougies plus ou moins usagées... Et même dessins et photographies, craies et longs rubans multicolores... Tout ce bric-à-brac avait recouvert la pièce de ses tentacules avides.

Edward avait donc passé toute sa matinée à y mettre bon ordre, puis contrairement à son habitude il était allé déjeuner dans la salle à manger, plutôt que de se faire livrer un repas à son domicile. Aujourd'hui il n'avait pas à plancher sur de nouvelles recherches. Aujourd'hui était un jour particulier...

Il était passé à "La petite douceur" en début d'après-midi et en avait rapporté un bouquet de confiseries et pâtisseries propres à mettre l'eau à la bouche de n'importe qui. L'eau du thé était prête à bouillir. Ne restait plus qu'à attendre la dame de l'école...

Incapable de se concentrer sur quoi que ce soit, Edward faisait les cent pas devant la porte... Et justement, trois coups résonnèrent. Se détendant comme un ressort, il fut en un instant prêt à ouvrir. Respirant un grand coup, il tourna le poignée...

Comme il s'y était attendu, Eli lui faisait face. Naturelle comme à son habitude, elle était exactement comme il l'appréciait. Peut-être un peu nerveuse, mais cela il pouvait le comprendre aisément... Elle devait se poser des questions... Et elle avait bien raison de s'en poser !

Le sourire d'Edward ne fut pas retenu.

"Bonjour Eli... Je suis heureux que tu sois venue... Tu as passé une bonne journée ? Viens, entre, fais comme chez toi."

En disant cela il s'était effacé, lui laissant le passage libre. A ce moment elle ne pouvait que remarquer qu'il avait laissé de côté une de ses habituelles robes noires pour en revêtir une bordeaux, aux bords brodés de motifs entremêlés vert émeraude. Sa plus belle tenue... Qu'il n'avait encore jamais essayée auparavant.

Dans la pièce, deux fauteuils confortables n'attendaient que les deux amis, devant une petite table sur laquelle reposaient la théière et les gâteaux...

Elisabeth découvrit aussitôt après ses coups à la porte le visage d'Edward qui lui ouvrait.
Il était détendu, semblait-t-il et Elisabeth remarqua aussitôt que contrairement à elle, il n'avait pas gardé de robe noire. Celle qu'il portait était très distinguée et la directrice fut intérieurement légèrement flattée de cette attention.
Elle lui sourit doucement.

"Bonjour Edward. La journée fut chargée, comme souvent, ce thé va me faire un bien fou. Et toi, comment fut-elle?"

Elle entra dans la pièce en disant cela et découvrit l'antre du professeur de magie noire. L'odeur qui lui chatouillait les narines était délicieuse. L'odeur du pin qui donnait l'impression de marcher dans une forêt landaise.
Le bois arborait une couleur approchant les verts ce qui donnait un aspect d'autant plus naturel. Elisabeth trouva les lieux charmants et entra détendue par l'athmosphère de la pièce.

Elle n'osa pas simplement faire autre chose que d'avancer quelques pas, presque timide.

"Ton intérieur est de très bon goût...Cela doit être agréable de vivre en ces lieux..." dit-elle toujours en tournant la tête pour admirer les lieux.

Elle avança alors vers un des deux fenêtres et fut surprise d'apercevoir... (et oui, que voit-on de ta fenêtre aujourd'hui? a toi de le dévoiler dans tta réponse lol)

En cet instant, Eli était simplement Eli, plus la directrice de l'école. Elle semblait effarouchée, et elle n'osa que faire quelques pas dans la chambre et détailler timidement l'ameublement.

"Il semble que cette journée doive être riche en émotions. Je viens de rencontrer une vieille connaissance en ville... Cela fait toujours plaisir !"

Il fit un petit sourire à la remarque de le jeune femme sur sa chambre.

"Oui, en effet. J'aime beaucoup ma chambre. Je suppose que ça doit paraître étrange pour un professeur de magie noire, mais j'aime vivre dans des lieux chaleureux. Et puis elle est très bien placée également..."

Il laissa peser le doute sur le sens de cette dernière phrase. Parlait-il de la proximité de la chambre d'Eli ou du fait qu'il se trouve tout proche de l'escalier menant à sa salle de classe, ainsi que du hall d'entrée ?

Tournant les yeux vers la fenêtre la plus proche, Eli eut un geste de surprise. Elle contemplait une clairière de la forêt mystérieuse ! Et ce n'était même pas une illusion !
Sous ses yeux ébahis voletaient papillons, abeilles et même quelquefois des fées diaphanes. Les arbres étaient magnifiques, leur feuillage d'un beau vert était éclairci par endroits par des rayons de soleil couchant, qui les parait alors d'un voile d'or immatériel. Les ombres paraissaient fraîches et rassurantes et leur contraste mettait en valeur les mille couleurs des fleurs qui parsemaient le tapis ondulant sous la caresse d'une douce brise...

Edward était content de son effet. Il était heureux d'offrir à son amie la beauté qu'il contemplait tous les jours depuis son logis. Cela lui insufflait calme et sérénité. Il espérait que l'effet sur Eli serait le même...

"C'est beau n'est-ce pas ? Nul endroit n'est plus magnifique que la forêt mystérieuse à cette époque...

Mais je t'en prie, assieds-toi. Fais ici comme chez toi !"

Edward était interloqué par l'attitude de son amie. Il l'avait connue toujours à l'aise quelque fut le lieu où elle se trouvait et avec qui. Rieuse et enjouée, allant de l'avant.
Il la retrouvait blessée au plus profond d'elle-même et lointaine, gênée du moindre geste qu'elle pouvait faire, du moindre regard.
Il se souvenait pourtant qu'avant elle n'avait aucun mal à le fixer dans les yeux et à l'affronter du regard, particulièrement lorsqu'il avait fait une bêtise et qu'ils le savaient parfaitement tous les deux...

Depuis l'épisode dans le bureau de la directrice, où elle s'était presque enfuie, profitant d'une interruption minime, il s'était attendu à la trouver fermée à son approche, prête à relever ses défenses. Il semblait qu'elle ne le veuille pas... Ou qu'elle ne le puisse pas... Ou qu'elle ne sache pas ce qu'elle voulait - ce qui était assez compréhensible : il revenait après dix ans et lui faisait en quelque sorte la morale.

Elle se comportait donc comme une collégienne timide au possible, les yeux baissés, les fesses presque dans le vide, n'osant pas prendre la parole... Devant cette vision de la jeune femme qui semblait en cet instant si fragile, il eut envie de s'agenouiller devant elle et de lui demander d'une voix douce ce qui n'allait pas, ou de la prendre par les épaules jusqu'à ce qu'elle lève les yeux vers lui...

Mais il décida que cela ne se faisait pas. Il ne fallait pas qu'il ait l'air de la rabaisser, elle restait quand même la directrice de l'école.
Pointant sa baguette vers la théière, il fit bouillir l'eau. A côté, sur la petite table ronde, étaient disposée une bonne quantité de gâteaux tout juste achetés chez Manon... Deux petites tartes, fraisier et violine, un petit panier plein de chouquettes, au miel, aux pollens d'arbres fruitiers, de Bruyère, de Ciste, de Saule et de fleurs mélangées... Tout un assortiment de douceurs pour les papilles...

Edward s'assit à son tour, plus à l'aise qu'il ne l'aurait cru. Il lui semblait même que les rôles s'étaient intervertis... C'était lui qui voulait l'inviter au bal et c'était elle qui était timide...

"Quel thé désires-tu ? Ceylan ? Earl Grey ? Goût Russe ? Darjeeling ? Personnellement je te conseille de goûter à un thé que j'ai ramené du Thibet... Un thé produit par les moines... Qui convient parfaitement aux émotions... Et n'hésite pas à prendre un gâteau si tu as envie !"

Il marqua une pause.

"La rencontre que j'ai faite à Mivia Town... Tu ne vas pas me croire, je ne l'ai pas reconnue tout de suite ! Je suis allé acheter ces pâtisseries à la petite douceur et j'ai revu Manon ! Je peux te dire que j'ai été surpris ! - et un peu honteux de ne pas l'avoir reconnue j'avoue..."

Regardant un instant Eli plus attentivement, il repensa à ce qu'elle venait de lui dire.

"Tu aimes toujours autant la forêt alors... Je me demandais... Est-ce que ça te dirait d'y aller te promener avec moi un de ces jours ? Je suis sûr que ça t'aiderait à décompresser."

Soudain, il devint un peu plus nerveux. Il sentait que le moment était venu pour lui d'aborder la véritable raison de cette invitation à boire le thé. Sa voix ne tremblait pas mais il n'avait plus cette assurance d'auparavant.

"En parlant de demande... Je... J'ai vu qu'un bal de Noël était organisé... Est-ce que... Est-ce que je peux faire quelque chose pour aider à l'organiser ?""

Il se serait tapé la tête contre le mur ! Mais quel idiot il faisait ! C'était le moment ou jamais, il ne fallait pas qu'il fuie comme ça ! La panique commença à se faire sentir dnas sa voix qui monta d'un octave.

"Attends ! Je... Ce n'est pas ce que je voulais dire ! Je... Enfin s'il y a besoin d'aide je suis tout à fait partant ! Ne vas pas t'imaginer que... Mais ce que je voulais dire... Je... Est-ce que tu... Est-ce que tu accepterais d'y aller avec moi ?""

Ça y était, il l'avait dit ! Il ne pouvait plus revenir en arrière. C'était en quelque sorte mieux et pire que de ne pas savoir si il allait le dire ou pas. Car il l'avait fait et n'aurait pas à le refaire. Mais en même temps il ne pourrait plus revenir sur ses mots...

Croisant les doigts en un geste nerveux, il dut baisser un instant les yeux, terrassé par l'angoisse de ce qu'il avait pu provoquer. Puis il se força à les relever sur le visage d'Eli. En cet instant ils exprimaient son désir profond, on pouvait y voir briller une petite étincelle trahissant ses émotions.

Alea Jacta Est

(je profite du fait que je lis la plupart des messages sur ce forum)

Elisabeth sentait son malaise s'accroître et elle s'en agaçait presque intérieurement.
Oui, Edward avait été celui qui denièrement avait peut-être trop voulu bousculer sa vie, la dépoussiérer soudain alors qu'elle s'était ancrée dans ses attitudes et ses choix.
Il était celui qui bousculait donc ses pensées, depuis son retour, et si elle avait réussi à le fuir la première fois, profitant du destin, elle savait que ce n'était que pour mieux revenir. Elle avait presque attendu, au fond d'elle, la venue de leur nouvelle rencontre... et maintenant qu'elle était face à celle-ci elle disparaissait sous les monts de sa peur et sa timidité étrange.
Elle ne voulait se l'avouer mais elle arrivait à un moment de sa vie où elle avait besoin de ce soutiens, de cette épaule et s'il lui avait offert, et cela la destabilisait vraiment. Une partie d'elle se disait que ce soutiens, c'était simplement un échec!
Ainsi avec ce flots de sentiments contradictoires, perturbants et troublant, elle était encore plus loin de l'insouciante Elisabeth de l'adolescence!!

Alors qu'elle attendait, enfin assise, même si elle n'avait pas pris ses aises, l'eau du thé se mit à bouillir.
La directrice aperçut alors les diverses patisseries achetées par Edward et sourit doucement de gourmandise. Le professeur s'assit à son tour et lui demanda de choisir son thé, lui vantant un thé du thibet "correspondant aux émotions". Elle l'interrogea discrètement du regard, sondant ce qu'il voulait dire par là.

Mais finalement elle lui répondit:

"Je te fais confiance, et ce thé du Thibet sera parfait pour moi! "

Alors, invitée par Edward, elle regarda les petites douceurs sur la table non loin. La gourmandise était son pêché inavoué et les patisseries lui faisaient de l'oeil! Elle ne put résister à ces baies rouges gourmandes et attrapa la petite tartelette aux fraises qu'elle posa plus près d'elle.

Elle tendit une tasse vers Edward et se fit servir le thé alors que celui-ci racontait que la personne recontrée à Mivia Town était Manon.

Elisabeth sentit légèrement sa tasse peser plus lourd dans sa main, celle-ci légèrement tremblante tout à coup.

Etait-ce le souvenir de Manon qui la troublait ainsi? Il était sûr qu'Elisabeth n'avait pas été raisonnable. Celle qui avait partagé sa chambre, ses secrets et ses confidences, celle qui avait été son amie proche, elle n'avait pas même cherché à la revoir depuis qu'elle la savait dans la région. Quelle honte...pourquoi avoir ainsi fui son passé? Elle lui avait parlé si banalement quand elle l'avait revue. Très stricte, comme elle avait parfois fait avec Edward. Manon devait l'avoir trouvé affreusement distante et prétentieuse.

"Oh Manon...effectivement, elle a une boutique de musique dans la région. Mais...tu dis que tu as acheté des patisseries chez elle? Sont elles musicomagiques??" s'interrogea-t-elle soudain en constatant que cela ne collait pas.

Elisabeth n'avait pas été à Mivia Town depuis si longtemps qu'elle ne savait même pas la dernière acquisition de son ancienne amie.
Sa tasse tremblottait toujours. Q'est-ce qui la gênait au fond de parler de Manon? Elle posa la tasse vide sur ses genoux soudain choquée par sa propre vision mentale. Que venait faire là l'idée de Virgine Seyes, grande soeur de Manon, et pourquoi cette pointe amère dans sa pensée...?
Elisabeth chassa de son esprit cette étrange pensée, ne voulant pas la scruter trop, ayant trop peur d'y lire ses souvenirs, une pointe de jalousie pour celle qui avait eu, elle le savait, les faveurs d'Edward. Non non, ça n'avait aucun sens et puis, elle s'en fichait.

Elle tendit de nouveau sa tasse, et la fit remplir cette fois, essayant d'occulter l'idée que ses joues commençaient à chauffer un peu.

*mon dieu mais Elisabeth arrête donc de penser à n'importe quoi!!!*

Heureusement Edward changea de sujet, ce qui soulagea la directrice.

Elle plaça un demi-sucre dans son thé et commença à le touiller en puisant le calme de cette eau parfumée.

Elle leva les yeux vers le professeur de magie noire qui l'invitait à un jour se promener avec elle dans la forêt mystérieuse.

"La forêt est souvent mon refuge, effectivement. J'y vole parfois, sur Kaséïope."

Elle sourit à l'évocation de sa dragonne bleue, sa soeur de coeur, qu'Edward connaissait forcément, cmme celle de feu son père.

"Je serais contente de m'y promener avec toi."

Ses joues qui avaient retrouvé leur blancheur rosirent de nouveau légèrement.

"Et puis, nous pourrions même voler sur Kasé..."

Elle sourit et évoqua mentalement un souvenir ancien.

"Tu te souviens de cette fois où je t'avais retrouvé aux abords du désert... Heureusement que Kaséïope nous avait portés juqu'au château..."

Evidement, le jeune Edward qui encore une fois semblait prêt à enfreindre le règlement, l'interdiction déjà là de la fréquentation du désert, et Eli, qui lui avait cassé les pieds en le retrouvant au bon moment et en lui faisant la morale du regard. Elle avait déjà à l'époque sifflé la belle dragonne bleue qui les avaient remmenés au château.

Elle eut un sourire amusé et cela la détendit plus nettement. Elle se permit même de croquer dans sa tartellette.

"Hum... c'est délicieux" déclara-t-elle alors. Elle bu une gorgée de son thé qui lui même était très bon, et qui sembla la détendre d'avantage.
Elisabeth alors s'autorisa à s'installer plus à son aise dans le fauteuil de chez Edward.
Mais alors, comme si ils s'étaient échangés leurs angoisses, ce fut Edward qui commença à paraître nerveux. Il parla du bal et demanda s'il pouvait faire quelque chose pour l'organisation...

"Oh, je ne sais p..."

Elle n'eut pas le temps de continuer car il corrigeait alors ses paroles. Il semblait assez troublé et ses mots et ses pensées s'emmêlèrent ce qui fit sourire Elisabeth. Il était adorable à ainsi bafouiller et Elisabeth, souriant de le voir ainsi ne s'attendit pas à ce qu'il demanda à la fin.

Elle comprit soudain et en fit tomber sa tartelette dans son thé, éclaboussant sa robe.
Elle sursauta de plus belle et dans un éclair de lucidité posa la tasse sur la table d'à côté.

Le thé renversé sur ses cuisses la brûlait alors elle saisit sa baguette et dans un éclair moins lucide s'envoya deux sorts bafouillés.

Un récurvit qui nettoya le tout et un "friscum" qui jeta un froid glacial sur ses jambes, faisant même un léger givre sur le tissu.
Cela soulagea sa brûlure mais la fit frissonner et elle conclut le tout dans deux éternuements sonores!

Revenant alors à la "réalité" elle sentit le rire monter en elle.
Bientôt elle n'y tint plus et son rire retentit dans la pièce. Elle riait d'elle même évidement, et il fallait espérer qu'Edward ne le prenne pas mal mais elle nr pouvait s'empêcher de rire à repenser à ce qu'il venait de se passer. Elle avait dû avoir l'air bien bête à ainsi jouer les clowns improvisés.

"Excuse-moi..." dit-elle entre deux hoquets...

Elle était souriante et ses yeux brillaient de son fou rire alors elle regarda Edward.
Ce rire qui l'avait porté l'avait tellement détendue qu'elle ne put faire comme à sa mauvaise habitude. Elle aurait dû calculer, réfléchir, hésiter, se stresser, angoisser, et banalement refuser, pour le bien de l'école et son bien être qu'elle s'était imaginé, mais non, elle avait rit, elle se sentait bien et elle ne voyaitt en ce moment au fond d'elle que ce véritable constat: l'envie folle d'accepter cette invitation.

"Ce serait un plaisir d'aller au bal avec toi..." dit-elle alors dans un sourire.

*mince, je viens vraiment d'accepter..?*

Elle retrouva une gêne certaine et baissa les yeux en rosissant subtilement. Elle trouva qu'avoir accepté de prendre ce thé était la meilleure résolution de sa journée, même si il n'était plus buvable et qu'il lui avait brûlé des jambes...

Paralysé, Edward ne pouvait qu'être le témoin inactif des événements qui se succédèrent. Il fut mortifié d'avoir provoqué indirectement la brûlure de son amie, et se sentit devenir chaque seconde un peu plus pâle. En d'autres circonstances c'eût pu être comique, mais dans un tel état de tension...

Les deux éternuements conclurent cette phase critique. Mais alors que le jeune homme ne pouvait rien imaginer de pire, Eli éclata d'un rire franc venu du coeur, ce qui paracheva d'ensevelir le professeur sous un monceau de honte. Son coeur s'arrêta presque de battre. Evidemment, elle ne le prenait pas au sérieux. Elle ne pouvait pas le prendre au sérieux. Voilà à peine quelques jours qu'il était rentré et il s'était monté stupidement la tête, pensant que leur antique proximité pouvait repartir de plus belle... Quel idiot il avait été !

Hoquetant toujours, elle lui demanda alors de l'excuser. Bien sûr, elle avait toujours été quelqu'un de gentil, et elle se rendait compte que son attitude avait profondément blessé son ancien ami...
Son rire se calmant un peu, elle releva ses yeux pétillants vers lui, tout sourires. Quand il entendit finalement sa réponse, son coeur s'emballa, repartant de plus belle. Il retrouva soudain ses couleurs. Mais il fut tellement surpris qu'il resta là les bras ballants, la bouche entrouverte, comme frappé par la foudre.

Eli de son côté semblait avoir en un instant retrouvé son étrange timidité, baissant de nouveau ses yeux sur ses genoux, ses joues prenant une délicate teinte rosée qui la rendait encore plus attirante.

Ne la lâchant pas une seconde des yeux, Edward dut s'y reprendre à plusieurs fois avant de pouvoir articuler un son. Sa bouche s'ouvrit puis se referma dans le silence le plus total trois ou quatre fois, et il se donna l'impression d'être un poisson. Prenant une dernière inspiration, il parvint enfin au botu du compte à parler d'une voix légèrement enrouée, comme s'il venait de pleurer.

"Je... Alors c'est vrai tu acceptes !? Si tu savais comme j'en suis heureux !"

Jetant un coup d'oeil en direction des tasses à thé, il se félicita de n'en avoir pas en main en cet instant - ses mains étaient en effet encore victimes du choc émotionnel et ne cessaient de trembler. Edward se força à reprendre sa respiration, avalant de longues goulées d'air sans parvenir à stopper l'emballement de son coeur.
Reportant son regard sur Eli, il se sentit coupable malgré tout de n'avoir pas prévu sa réaction - il lui aurait alors évité de se brûler ! Il lui fit un sourire timide.

"Je suppose que tu as eu assez de thé pour aujourd'hui non ? A moins que tu ne veuilles que je t'en resserve... Tout est de ma faute, j'aurais dû faire plus attention..."

Maintenant qu'il y repensait, la façon dont les événements s'étaient déroulés était risible : tous ses efforts pour mettre toutes les chances de son côté n'avaient peut-être pas eu l'impact voulu, et c'était un coup de chance qui avait provoqué l'acceptation de son amie... C'était peut-être toujours comme ça que ça se passait... Un coup de pouce du destin...

Il ne s'attendait pas à ce qu'Eli paraisse si apaisée après ce qui venait de lui arriver. Son cerveau à lui bouillonnait. Trop de questions le taraudaient en cet instant.

Qu'est-ce qui s'était passé à l'école avant qu'il n'arrive ?
Qu'était-il vraiment arrivé entre le père et les frères de son amie ?
Quels étaient les sentiments qu'elle nourrissait à son propos ?
...

Malgré l'expérience du thé chaud et du sort de givre glacial elle semblait rayonner pour la première fois qu'il la revoyait. Edward la retrouvait enfin comme elle était. La vraie Eli. L'inimitable Eli. De bonne humeur. Apaisée...

Que lui dire ? Il opta finalement pour la simplicité...

"Cela me fait vraiment plaisir de pouvoir être là avec toi... J'avais presque oublié ce que cela fait depuis toutes ces années..."

Il se rendit compte au moment où il les prononçait que ses mots pouvaient être compris différemment de son point de vue à elle...

"Je n'ai eu personne à qui je pouvais tout dire durant tout ce temps. Là où j'allais il valait mieux agir en solitaire et ne pas se lier. Dans le milieu de la magie noire cela paraît suspect d'accorder sa confiance..."

Maintenant qu'il y repensait, il avait été tout ce qu'il y avait de plus seul ces dix dernières années. Revenir ici lui faisait à lui aussi un bien fou... Il retrouvait le sourire qu'il avait perdu. Il se remettait à bavarder de choses et d'autres avec différentes personnes. Il revivait.

D'autres pensées vinrent encore s'ajouter à celles qui étaient déjà là.
Revenir à Elementia et offrir son aide à Elisabeth lui avaient paru le choix le plus logique quand il l'avait fait. Mais plus le temps passait plus il se demandait si lui-même n'avait pas été attiré là par une force supérieure. Bien qu'il n'ait jamais cru au destin. Que lui arrivait-il ? Pourquoi était-il revenu ?
Par envie d'enseigner ? Cela lui plaisait en effet mais ce n'était pas la raison première.
Pour venir en aide à un ancienne amie alors ? Oui mais ils avaient rompu, il avait rompu tout contact pendant si longtemps...
Parce qu'il sentait qu'on avait besoin de lui ? Et qu'il avait besoin de quelque chose en retour ? Cela ne l'avait pas effleuré au début, mais l'idée s'imposait d'elle-même à présent.

Il semblait qu'il était revenu à un moment clef de l'école, même s'il ne savait pas pourquoi et ce qu'il pourrait changer à ce qui allait se passer. Car il en avait l'intuition quelque chose allait se passer.. Quoi ? Mystère !
Et quelqu'un avait besoin de lui, pas seulement d'un nouveau professeur, voilà ce que lui soufflait son coeur. Et lui-même avait besoin en retour de cette personne...
Qu'était devenue Eli ? Et qu'était-il, lui ? Qu'était-il pour elle ? Et qu'était-elle pour lui ? Ses sentiments étaient trop neufs, trop forts, trop déstabilisants pour qu'il arrive à faire la part des choses.

Que lui dire alors ?
Sa voix fut à peine plus qu'un murmure, douce comme le vent.

"Eli, je voudrais que tu saches que si je suis revenu c'est pour toi."

Voilà. Il l'avait dit. Le plus dur était fait. Il fallait qu'il continue à présent.

"Je ne sais pas ce qui s'est passé ici... Mais ma place est ici, avec toi. Je voudrais que tu saches que tu peux compter sur moi. Je ne partirai pas cette fois-ci."

C'était lui qui avait invité Eli mais c'était lui qui perdait pied en cet instant. Il n'avait pas pris par le passé le temps de penser à ce qu'il pouvait ressentir pour telle ou telle personne. Il ne voyait plus beaucoup ses parents mais il les avait toujours. Eli elle n'avait plus cela. Et beaucoup de choses pesaient sur ses épaules. Elle avait besoin de l'aide qu'il lui apportait il en était certain.

(excuse moi Edward de t'avoir tant fait attendre)

Elisabeth parvenait toujours a trouver moyen de se détendre et écouta Edward lui confier son plaisir de trouver quelqu'un à qui parler, de ne plus être obligé comme ces dix dernières année à une solitude préférable mais peut-être incommodante...
Etrangement elle pensait la même chose. Elle aussi prennait un plaisir sensible à partager un moment simple et agréable, loin de obligations professionnelles, avec un ami, un confident.

"Oui, je ressens la même chose que toi..."

Il devait s'en douter étant donné sa visible et nouvelle détente et son abord de traits qu'elle n'avait pas retrouvé depuis la disparition de son père.

Quand soudain il lui murmura qu'il était revenu pour elle, elle se sentit rougir violement et baissa les yeux, en proie à une certaine gêne mais arborant un discrèt sourire sur son visage empourpré.
Alors il lui dit qu'il ne partirai pas, que sa place était ici, avec elle, et elle releva la tête.
Elle se sentait apaisée de ces paroles, touchée au plus profond d'elle même, et à la fois elle avait l'impression de ne pas les mériter.
Elle avait bien entendu qu'Edward avait évoqué le fait qu'il ignorait encore les détails de ce qu'avait vécu Elementia depuis son départ, mais si Elisabeth avait été prête à se détendre autour d'un thé, elle ne l'était pas pour conter ce qui lui rongeait encore les sens.
Elle se leva, souriant...

"Je suis heureuse que tu sois là...et...je ne pensais pas avoir tant besoin..."

Elle ne savait comment finir cette phrase, elle ne savait si elle devait la finir.
Elle tendit une main blanche vers Edward et effleura la sienne, dans un geste qui se voulait empli de tendresse.
L'ancienne Aqua l'aurait peut-être serré dans ses bras, mais la directrice d'Elementia ne savait plus démontrer son affection.

"Je te remercie pour le thé...j'ai...j'ai hâte que nous nous retrouvions pour le bal..."

Encore une fois sa main vint effleurer la sienne dans une caresse rapide malgré l'immense malaise qu'elle avait à répondre à ce que lui avait dit Edward.
Elle se tourna vers la porte, et avança vers elle.

"Excuse moi, je...je ne fuis pas...j'ai tellement de travail, il faut que j'y retourne, je te l'avais dit..."

Evidement qu'elle fuyait un peu, même si c'était moins vif et inespéré que la première fois.
Edward savait à présent qu'il avait franchi la lourde et grande carapace d'Elisabeth...et elle aussi.

Elle sourit à l'ancien Flammen et ouvrit la porte.

"Je serais prête au moins une heure avant le bal, j'attendrai dans le salon qui jouxte ma chambre..."

Elle lui sourit de plus belle et franchit la porte sur un "Au revoir Ed.." qu'elle murmura sans le regarder mais avec une certaine malice dans son regard déjà fixé sur le couloir.

Bientôt, elle rejoignait son bureau.