Melissande et son grand oncle

Darius aurait mille fois préféré que son cadeau soit prêt pour Noël, ainsi, il aurait pu tout simplement faire en sorte qu'il soit déposé au pied du sapin...

Mais puisque ce n'était pas le cas, il parcourut les couloirs d'un air grognon et frappa vigoureusement à la porte de la chambre de sa petite-nièce.

Mélissandre était en plein nettoyage de chambre quand elle entendit un bruit assez violent pouvant s'assimiler à un toc toc.
Bien que surprise d'une éventuelle visite, elle indiqua à ce mystérieux visiteur qu'il pouvait entrer dans sa chambre.

"Entrez" lança-t-elle dès qu'elle eut donné son dernier coup de balai

Zut, elle était là en plus. Il ne pourrait pas simplement déposer le cadeau devant sa porte, agrémenté d'un bon maléfice qui se déclencherait si jamais quelqu'un d'autre que sa petite-nièce le touchait.

A contrecoeur, il poussa la porte de Melissandre, son présent dans la main droite, gantée, comme toujours. Il se sentait parfaitement ridicule et son humeur ne s'en améliorait certes pas.
Il entra et referma la porte derrière lui. Au moins, il n'y aurait pas de témoin de cette scène pitoyable.

Il se racla la gorge et tendit son cadeau en grommelant :

" Tiens. Joyeux Noël."

Dans sa paume recouverte de cuir noir, un élégant sachet d'organza azur doublé de satin gris était fermé par un large ruban de satin turquoise.

Mélissandre faillit s'étrangler quand elle vit apparaitre son "tonton" avec dans sa main un présent pour son noël.
Lui d'habitude si distant et si froid...elle n'aurait jamais cru cela de lui.
Heureusement, elle lui avait trouver quelque chose.
La seule chose, c'était qu'elle n'avait pas forcément prévu de lui remettre en main propre mais vu la tournure du bal, les choses avaient évolué

"Bonjour, mon oncle, je vous remercie de ce cadeau...joyeux noël à vous aussi." lui dit elle en lattrapa un paquet posé sur la chaise et en lui tendant.

Il n'était pas dans les tradition de la famille de se faire de grandes étreintes probablement par pudeur ou peut être même par habitude.
Mélissandre commença à ouvrir l'élégant sachet d'organza azur doublé de satin gris fermé par un large ruban de satin turquoise.
Son oncle avait toujours beaucoup de gout et sa curiosité était piquée au vif.

Son cadeau contenait un très ancien livre sur la lecture des runes qu'elle avait trouvé et que son oncle n'avait surement pas vu le peu d'exemplaires auquel il avait été tiré

Darius haussa un sourcil en voyant que la petite Melissandre avait pensé à lui offrir quelque chose aussi. Décidément, elle devait se sentir bien seule...

Avec circonspection, le vieil homme déballa le paquet sans en déchirer le papier. Ses deux sourcils brousailleux se soulevèrent, marquant bien sa surprise lorsqu'il découvrit le livre, que dis-je, l'antiquité, le trésor que sa petite-nièce lui avait donné.
Il était gêné de recevoir un cadeau aussi précieux. Et secrètement ému qu'elle se soit tout simplement donné le mal de lui chercher quelque chose.

Pour se donner une contenance, il feuilleta respectueusement l'ouvrage, appréciant les croquis animés et l'odeur sèche du parchemin ancien.
Puis il déglutit et releva la tête.

"Hem. Ca me fait plaisir Melissandre. Merci beaucoup."
Et on ne pouvait pas douter de sa sincérité, car ses mains gantées caressaient inconsciemment l'épaisse couverture du traité.

Il baissa les yeux sur le contenu du sachet qu'ouvrait la jeune femme. Il espéra que les barettes lui plairaient.
Il les avait fabriquées et enchantées lui-même à l'atelier de l'Ecole, en compagnie d'une première année.
Le but était ni plus ni moins que de fabriquer les même ornements que ceux du conte de Peau d'Ane. Les délicates barettes de cristal, d'or et d'argent mêlés pourraient la coiffer, modifieraient ses vêtements, ou se modifiaient elles-même pour s'adapter aux vêtements de sa petite-nièce. Il était dommage qu'il n'ait pas eu le temps de les finir pour le bal de Noël, car Melissandre en aurait sans conteste été la princesse, avec un robe de lune ou de soleil ou bien couleur du temps...

( désolé pour le retard)

Le cadeau de Mélissandre plaisait incontestablement à son oncle et il le montra à sa manière.
Mélissandre avait toujours apprécié la pudeur et la modération des sentiments de son oncle.
Ce n'était jamais de grands démonstrations et cela lui convenait parfaitement.

Mélissandre avait enfin ouvert son paquet et ce qu'elle y découvrit lui fit afficher un magnifique sourire.

Deux délicates barettes de cristal, d'or et d'argent se trouvaient maintenant au ceux de sa main.
Elles étaient magnifiques.
Elles auraient été parfaites avec sa tenue pour le bal de Noël.

Cependant, quand elle repensa à la tournure de la soirée, elle préférait ne les recevoir que maintenant, elles n'étaient ainsi pas gâcher par ce rustre de Narcisse.

"Merci mon incle, elles sont vraiment splendides"

Elle s'autorisa une petite entorse à leur relation et vint déposer un tendre baiser sur la joue de son oncle puis fit apparaitre un mirroir afin de placer les barettes de chaque côté de sa chevelure.
Elles s'accordèrent parfaitement avec sa robe de sorcier bleu nuit

(HJ : Ouiii ! Tu ne m'as pas oublié finalement ! Super !)


Le sourire ravi de Mélissandre paya mille fois Darius de ses efforts et de la fatigue due à magie qu'il avait fallut déployer pour enchanter les barettes. Il ne l'aurait pas avoué, même sous la torture, mais c'est heureuse comme ça qu'il aurait voulu la voir tout le temps.

Il ne réagit pas tout de suite quand elle s'approcha de lui pour le remercier d'un baiser sur la joue. Il ne réalisa qu'au dernier moment ce qu'elle allait faire et réussit à sursauter pour éviter le contact.
Quelle catastrophe cela aurait été !!
A son âge, tomber par terre en convulsant et en prophétisant l'avenir de Mélissandre... Il se serait confiné dans sa chambre des mois durant après une épreuve pareille !
Le souffle rendu court par la frayeur a-postériori, il s'excusa :
"Heu, c'est gentil, mais le contact, tu sais bien..."
Il n'en avait jamais explicitement parlé avec sa petite-nièce, mais dans la famille Hautecaste, tout le monde était certainement au courant de son don/malédiction. Et en tout cas, tout le monde savait qu'il ne fallait pas le toucher.
Il était horriblement confus et frustré et désolé. Pour une fois que quelqu'un lui manifestait un peu d'affection. Ce n'était vraiment pas juste.
Cela ne l'avait jamais été. Il aurait voulu lui demander pardon, et hurler, et pleurer aussi. Comme un gamin, c'était vraiment pitoyable.

Dans une tentative désespérée pour amoindrir ce malheureux évènement, il changea aussitôt de sujet.

"Je suis content qu'elles te fassent plaisir.
Il y a plusieurs enchantements dans ces barettes. Mais je préfère te les laisser découvrir par toi-même. Ce sera bien plus drôle. Mon seul indice est : Peau-d'Ane."

Son oncle, comme elle pouvait s y attendre, n'accepta pas le contact avec sa nièce.
Qu'importe, le principal était qu'il fut venu la voir et qu'il lui eut offert ce magnifique cadeau tiré d'une des contes préférés de Mélissandre.

"J'avais reconnu la barette mon oncle, ce cadeau me fait très plasir et m'ira parfaitement"

Les barettes étaient enfin en place et elles étaient sublimes sur le chevelure du jeune professeur

Mélissandre regarda l'heure, elle allait être en retard pour le début de son cours

"Je suis désolé mon oncle mais je vais devoir y aller
J ai un cours qui débute dans une dizaine de minutes"

Elle venait de poser sur ses épaules sa cape

(HJ : merci de ta rapidité ! Et à bientôt pour d'autres posts, j'espère !)

Les barettes s'accordaient à la beauté de Mélissandre à la perfection, et Darius fut content d'avoir eu l'idée de les fabriquer.

" Hermf, alors je ne te dérange pas davantage."

Le vieil homme poussa la porte et sortit dans le couloir, le livre posé sur sa maigre poitrine et protégé par son bras gauche comme un trésor.
Il tint la porte à sa petite-nièce en rajoutant :

"Merci pour le livre."

Il était incapable de dire mieux, et de toutes façons, il était encore trop malheureux d'avoir dû refuser l'affectueux baiser tenté par Mélissandre...