robes de sorcières pour la vieille Pierafout[terminé]

(Vient de la boutique de baguette)

La vieille dame, en sortant de chez Sélestin avait regardé sa vieille frippe qui lui servait de robe de sorcière. Elle était d'un noir grisâtre, rapiécée à certains endroits. Il fallait vraiment qu'elle soit présentable pour rencontrer la directrice de l'établissement ! Qu'allait elle penser sinon, de la vieille clocharde qu'elle était devenue ?!

C'est à cet instant de se réflexion qu'elle apperçut au loin l'enseigne de la maison Belcoupe. Violette se demanda si la boutique faisait aussi les robes des professeurs. De son pas énergique, car énergique il le redevennait au fur et à mesure de sa reprise dans le monde, elle se dirigea vers le magasin. Elle essaya de regarder à travers de la vitre, mais celle ci était fumée. Un écriteau cependant l'invitait à entrer.

Elle tourna la poignée en cuivre et se retrouva dans un espace clair et spacieux, agrémenté de nombreux vitraux. Ses chaussures aux talons usés foulèrent une épaisse moquette, et tout de suite la vieille dame ne se sentit pas très à l'aise. Elle avait conscience de son apparence négligée et il lui fallut un grand effort pour garder son allure droite et altière. Ses yeux plissés par sa myopie balayèrent la boutique à la recherche d'un tailleur. Autour d'elle, elle ne distinguait que les uniformes élémentiens de toutes tailles. Elle s'en inquiéta. Il lui fallait vraiment une meilleure tenue ! Elle était prête à accepter une robe d'occasion s'il le fallait, mais il lui fallait cette robe à tout prix, et surtout le plus vite possible.

"Bonjour. Il y a quelqu'un ?"

Un jeune homme arriva presque tout de suite. Violette en fut réconfortée. Ses vieilles jambes portées par la nervosité qui régnait en elle, et l'excitation de tout ce renouveau, étaient quand même bien vieilles et l'action leur redonnait courage.

Le commerçant, peut-être un peu trop enthousiaste, la traita de vénérable. Voilà un mot qui sonna durement à ses oreilles. Ses lèvres se pincèrent dans un rictus sévère. Elle dit d'un ton assez sec. "Je dois travailler à l'école. Il me faut une garde robe neuve. Et une robe pour tout de suite! Vous avez ça, je vous prie ?" *Quel petit malotru ! Aucune éducation ! Et ça se veut tailleur ! De mon temps, c'était des gens de prestige ! Enfin... Tant qu'il a une robe pour moi...*

Gaston se rétracta sur lui même devant la secheresse du ton de la vielle dame.

Elle lui dit alors ce dont elle avait besoin.

"Mais bien sûr ma brave dame....de quoi avez vous besoin? Robes d'hiver? Robes de soirée? Manteaux? "

Il n'osa pas pas trop en rajouter, de peur d'en faire trop....

Violette écouta attentivement le tailleur et fut ravie de constater qu'il avait en réserve de quoi la vétir. Un seul doute persistait : Avait il quelque chose pour maintenant ? Elle lui exposa donc sa commande afin d'en savoir d'avantage sans s'abaisser à le lui demander.

Celui ci avait cependant baissé d'un ton bien qu'à présent il l'appelat "ma brave dame" ajoutant sans le savoir une touche de familiarité qui ne la rassura pas d'avantage. Cet avorton devait la prendre pour une de ces gentilles mamies qui ont perdu la tête, échappées d'une maison de retraite ! Elle leva les yeux au ciel comme pour prendre à témoin une présence supèrieure de son calvaire quotidien, puis les rabaissa vers ce pauvre Gaston Bouchtrou, brillant d'indignation et de mépris.

"Il me faudrait deux robes noires d'hiver plus une de plus pour tout de suite ainsi qu' une cape épaisse, le tout en noir, je vous prie." gronda sa voix contenue du mieux qu'elle put. Sa bonne éducation, et son orgueil, l'empéchait de dire à ce commerçant ce qu'elle pensait de lui. Que lui importait de gaspiller son temps avec un tel poltron !

Gaston hocha du chef avant d'aller chercher ce que la vieille dame demandait.

Il revint quelques minutes plus tard, un tas de vêtement dans les mains:

"Et voilà Vénérable!! Deux robes d'hiver à 10MA, une robe classique à 7MA et une cape épaisse, 10MA. Soit 37 MA. Avec la réduction spéciale pour vous, celà vous faiit 25MA!!! Il vous faut autre chose?"

Gaston arborait toujours son sourire de gendre parfait, et espérait faire plaisir à Violette.

Enfin, Gaston Bouchtrou revennait, les bras chargés de ce que Violette lui avait demandé. Mais, hélas, son enthousiasme *Non, c'est pas possible d'être crétin à ce point ! Il le fait exprès j'en suis sûre !* lui aussi était revennu comme aux plus beaux jours. En plus, il osa réemployer le terme de "vénérable" pour s'adresser à la vieille dame. Celle ci lui adressa un tel regard meurtrier, que la mythique Méduse pouvait, à coté de celui là, prendre sa retraite !

Elle s'empara des affaires sans la moindre délicatesse, et coupa la parole à ce petit mal-élevé de tailleur avant que celui ci ait finit de lui demander si elle désirait autre chose. "Y a t-il un endroit où je pourrais essayer tout ceci ?" demanda t-elle avec une voix si froide qu'elle faisait concurence aux vents du pôle sud.

Gaston croisa le regard courroucé de al vieille dame et se demande bien ce qu'il avait pu lui faire.

Puis elle lui posa l'insolite question..

"Un endroit pour essayer.....mais...madame.....autant utiliser un sort...je vais le faire pour vous....avec votre permission"

Il sortit sa baguette et l'agita....prêt à lancer un sort sur Violette.

Violette fut hypnotisée un instant par la baguette brandie par Gaston. Elle le regarda d'un air méfiant, mais fit signe qu'il pouvait y aller. De toute sa vie, elle n'avait jamais utilisé un sort pour s'habiller... ou se changer... Elle avait toujours fait ça normalement. Etait ce un tort ? Elle ne le crut pas. La magie était comme tout le reste, dans la vie, les excès étaient mauvais....

Mais voyant bien qu'elle n'avait pas le choix, elle dut bien se plier aux possibilités du jeune homme. Elle se laissa donc faire tout en essayant de retrouver son calme. Et puis, après tout, cela irait plus vite. Elle se sentait fébrile. L'heure de son entretien approchait, et il aurait été mal venu qu'elle soit en retard...

Gaston sentit la vieille se tendre mais s'éxécuta:

"Habillus testus!"

D'un coup de baguette la tenue classique s'envola du comptoir pour se précipiter vers Viollette. Dans un tournoiement rendant toute chose invisible à l'oeil humain ( ) Viollette se retrouva alors habillée de la tête aux pieds, avec sa nouvelle tenue.

D'un second mouvement de sa baguette, Gaston fit apparaitre un miroir haut, permettant à Violeltte de s'admirer.

"Alors, celà vous convient il?"

Violette se retrouva habillée de pied en cap, et elle put même voir le résultat dans la grande glace que Gaston fit apparaitre. D'abord, la première chose qu'elle vit, fut son apparence vieillie, amaigrie, fanée, ridée, en un mot, cela faisait longtemps qu'elle avait cessé de se regarder dans un miroir, et le changement survenu à sa personne en si peu de temps l'effara littéralement. Ensuite, elle se reprit, redevint digne et très droite, observa avec toute son expèrience la robe qu'elle portait, et son sourcil se leva de satisfaction. Elle eut même un petit sourire pour son reflet.

* Cet homme n'a aucun savoir vivre, mais il faut bien lui reconnaître un peu de talent !* La robe lui tombait à merveille, réhaussant toute l'autorité naturelle de son visage, accentuant la droiture de son corps. Le tissu tombait, lourd, droit, parfait... "Très bien !" dit elle. "Je la garde ! Je prends les autres aussi. Dites moi combien je vous dois pour tout ceci ?" demanda t-elle de sa voix sèche, peut-être un peu adoucie devant le succès de la coupe de la robe...

Elle se tourna vers le commerçant et sortit d'une de ses poches une vieille bourse fermée de lacets.

Gaston hocha de la tête, et se retint de rappeler à la vénérable qu'il lui avait déjà donné le total.

Diplomatiquement, il lui rappela ce qu'elle lui devait.

"Alors nous disions: Deux robes d'hiver à 10MA, une robe classique à 7MA et une cape épaisse, 10MA. Soit 37 MA. Avec la réduction spéciale pour vous, celà vous fait 25MA!!!"

Il lui sourit, ravi de voir que la robe lui plaisait.

Sans un mot de plus, la vieille Pierafout qui ignorait totalement qu'elle venait de faire répéter le jeune homme, ouvrit sa bourse et en sortit deux pièces d'or et cinq d'argent. Elle lui tendit dans un geste distingué, peut-être un peu hautain, le montant de sa commande.

Elle prit des mains du commerçant les affaires qu'il lui tendait et le salua d'un "au revoir" accentué d'un geste de la tête. Elle se dirigea ensuite vers la porte, fit tinter la petite clochette de bronze au dessus de celle ci et sorti dans la rue.

A présent, il lui tardait d'arriver au chateau. D'après la petite montre argentée, frappée des armoiries Horgriffes qui pendait au bout de sa chainette en argent, l'heure de son entretien approchait. Elle prit donc le chemin du chateau, le pas d'autant plus énergique qu'elle ressentait encore comme une blessure brûlante le "vénérable" de Gaston Bouchtrou...

(Direction la direction ^^)